De la muraille aux mails

Du IVe au XVIe siècle, la ville s’est structurée et organisée à l’intérieur de l’enceinte fortifiée.
Les ouvrages de fortification ont peu à peu été abandonnés et démantelés selon les nécessités du développement urbain. Les axes anciennement occupés par les enceintes se transforment en boulevards qui ouvrent la vieille ville vers ses nouveaux faubourgs, en offrant des espaces de respiration et de transition apaisés, exprimés à travers la création de mails et de grandes promenades plantées.

La deuxième moitié du XXe siècle bouleverse la physionomie des mails avec l’avènement de l’automobile.  La création d’infrastructures routières s’impose pour permettre la liberté de mouvement automobile individuel, portée par l’efficacité des énergies fossiles. En un demi-siècle, les qualités paysagères, les loisirs et les réseaux de transports en commun ferrés sont sacrifiés au bénéfice de l’efficacité des flux carbonés, toujours plus denses et plus rapides. Le corollaire de cette accessibilité est le morcellement des mails, la réduction de leurs emprises, leur transformation en espaces de stationnement qui induisent une banalisation et une perte de cohérence paysagère.

Comme dans de nombreuses métropoles, les efforts de fluidification du trafic a atteint sa limite et ne suppriment que partiellement les problèmes d’engorgement des villes. À l’inverse, la mobilité rapide génère pollution et enclavement des riverains et les espaces de stationnement vont de leur côté investir massivement l’espace privé et public.

Basée sur le profond respect du site et de sa géométrie originelle, la proposition de Richez Associés ambitionne à un projet fédérateur qui relie à la fois la ville historique à ses faubourgs, et les hauts lieux vivants de culture, d’enseignement ou d’événementiel au rayonnement métropolitain et régional. Autrefois périphérique, la requalification des mails du groupement dessine une nouvelle centralité linéaire.

L’effacement des ouvrages routiers présents aujourd’hui (ponts, trémis, …), les mails retrouvent une configuration paysagée et identitaire, qui préserve le patrimoine arboré et s’enrichit de nouvelles collections végétales qui pourront s’adapter aux futurs changements climatiques.

Avec cette métamorphose, Orléans s’apprête à repenser les modes de déplacement, d’habitat, de travail et de vie urbaine. Ce projet métropolitain offrira à ses habitants une ville plus lente et plus fluide, où les déplacements sont décarbonés et plus respectueux de l’environnement, une ville qui multiplie les occasions de partage, programmées ou spontanées, entre tous ses habitants, quel que soit leur âge ; une ville où la nature, généreuse, garantit un cadre de vie agréable et répond aux enjeux climatiques de demain.

La promenade des Mails qui se développe de la Loire à la Loire, se structure en 6 séquences urbaines et paysagères :

1 | Le Mail des Terrasses, du Pont Joffre au Parvis de l’Université, met en scène le grand paysage au travers d’une succession de terrasses et d’espaces en pente ;
2 | Le Mail Intense, qui déploie de part et d’autre de la place Madeleine de grandes pelouses ouvertes et des espaces sportifs, entre l’université, la patinoire et la place Saint-Jean,
3 | Le Mail Culturel, qui étend le square historique Rocheplatte du Frac à l’avenue de Paris, et y développe des espaces paysagers jardinés à forte valeur écologique et arboricole,
4 | Le Mail Interconnecté, qui ancre la gare et le Centre Commercial Place d’Arc sur une grande place et l’ouvre sur le centre-ville,
5 | Les Mails Evénementiels, qui accueillent des esplanades festives et des jardins sériels sous les grands alignements historiques de la rue Albert 1er à la place Charles Péguy,
6 | Le Mail Belvédère, qui déploie de la place Charles Péguy au pont Thinat une promenade en hauteur et offre des vues en balcon sur la ville et sur la Loire.

Le dimensionnement des flux de mobilité de la place d’Arc, devant la Gare d’Orléans, figure parmi les éléments centraux du projet.

Aujourd’hui, cette place est fracturée par la dalle piétonne d’accès au centre commercial de la gare, enjambant les voiries et le tramway, ainsi que le passage sous trémie des circulations.

L’un des enjeux principaux du projet est de déconstruire cette dalle pour retrouver le sol naturel et le planter largement, affirmer et apaiser les continuités piétonnes d’une rive à l’autre, installer le tramway dans une géométrie plus propice au développement d’un pôle d’échange d’envergure métropolitain, notamment par la conception d’un quai jardin qui accueillera la gare de bus.